J’ai enfin fait ma visite post natale. Ca m’a pris 7 mois et ½, mais j’y suis enfin arrivée.
J’ai gardé la même gynéco et j’aimerais la garder à vie, si elle reste là-bas. Elle a accouché 2 semaines avant moi. Elle savait tout sur mon dossier, et elle ne l’avait pas lu à l’avance. Elle m’a dit qu’elle s’était connectée plusieurs fois, après son départ en congé maternité pour voir où j’en étais. Si j’avais accouché, si ça s’était bien passé…
Oui, une gynéco comme ça, je vais la garder. Je sens bien qu’elle s’intéresse à ses patients.
Alors, pour résumer :
- Est-ce que c’est normal que les glaires aient changé et qu’elles deviennent très filantes ? Oui, le corps change après une grossesse. Je lui ai dit que je n’avais pas l’habitude d’avoir des glaires comme ça, que les miennes, avant la grossesse étaient transparentes et très fluides et elle m’a dit que c’est ce qui fera que je tomberai enceinte naturellement la prochaine fois. Affaire à suivre, mais je n’y crois pas beaucoup. De toute manière, j’attends que mon fils ait 1 an et je me relancerai dans les essais.
- Est-ce que je risque d’avoir la même grossesse pathologique ? Non, elle m’a confirmé qu’il n’y avait pas de raison, que celle-ci était un accident et que a priori j’aurai une grossesse normale après. Elle m’a redit que les saignements du 1er trimestre peuvent avoir été à la base de la fissure de la poche des eaux. Mais là où elle m’a fait du bien c’est qu’elle m’a dit qu’elle allait ouvrir un dossier normal, comme si j’étais une femme normale, qui aura une grossesse normale…J’en rêve
- Elle m’a dit que les douleurs de l’ovulation étaient normales aussi. Je lui ai posée la question, parce que j’ai eu l’impression que l’accouchement a fatigué mes ovaires. Elle m’a, là aussi, rassurée
- Elle m’a donnée la pilule. J’en prends une 2e génération et je suis censée faire une prise de sang dans 3 mois. Je ne pense pas la prendre plus de 3 mois…
- L’utérus est normal, RAS
- Les ovaires sont normaux…RAS
- L’épisiotomie fait encore mal ? C’est normal. Si je veux, je peux faire des massages moi-même. Je verrai si j’ai le temps. Sinon ça va se cicatriser…
Je suis retournée à l’hôpital, dans les mêmes salles d’attente que je connais aussi bien. J’ai emboîté les mêmes pas que je sais faire les yeux fermés…l’entrée, puis l’accueil, le long couloir avec le lino vert, les toilettes d’un côté et d’un autre, que j’évitais autant que possible, parce que je ne voulais pas chopper une infection, pendant que la poche était ouverte…J’ai revu les mêmes types de personnes : des femmes avec de gros ou petits ventres, des femmes avec des enfants dans la poussette, le personnel médical attentionné de mon hôpital, une salle d’examen, avec une sage femme souriante, qui attendait sa cliente pour faire un monitoring.
Alors tout m’est revenu, les larmes sont montées. Je me souviens avec précision de chaque fois que je suis venue pour faire ce Prom Test, pour faire un monitoring, voir si tu vas bien. Je regarde ta photo et je souris, mais les larmes sont nouées quelque part entre le nez et le front.
Je ne peux pas me laisser aller, je ne peux pas pleurer, parce que j’ai passé ma grossesse à compter les minutes, à regarder les couvertures des livres, quand je n’arrivais plus à me concentrer sur la lecture, parce que la douleur et la peur prenaient le dessus…
Je ne peux pas me laisser aller en regardant les femmes enceintes qui se baladent dans la rue et me dire qu’effectivement, je n’ai pas pu profiter des secondes quand tu étais dans mon ventre. Je me souviens comme si c’était hier des moments de panique, de la peur que j’avais quand je ne te sentais pas bouger le matin au réveil, des nuits et des matinées, passées dans la salle d’attente, pour faire une écho ou un monitoring. De la peur que j’ai eue du début à la fin, de te perdre, d’accoucher prématurément. Du moment béni, quand la sage femme t’as posé sur ma poitrine et j’ai vu tes yeux, bleus gris, tranquilles, confiants. Des premiers moments quand je t’ai posé dans le couffin à côté de mon lit et je n’arrivais pas à fermer l’œil, parce que je guettais ta respiration et tes mouvements…
Du sentiment d’immense bonheur que tu m’as apporté, en faisant de moi une maman !
Alors, est-ce que je dois me laisser aller, pleurer ma grossesse, en vouloir aux autres parce qu’elles n’ont pas eu du mal à avoir leurs bébés, parce que même si elles ont eu du mal à tomber enceintes, au moins elles ont profité d’une grossesse tranquille…
Hier soir j’ai été un peu fâchée, parce que tu ne sais pas rester tranquille, jouer avec tes jouets dans la poussette. Tu voulais manger les pommes de terre que j’avais dans l’assiette de l’apéro. Alors, comme je savais qu’elles étaient à l’eau avec un peu d’huile d’olives, je t’en ai donné. Tu aimes manger sur mes genoux, mais tu ne sais pas rester sage. Et j’ai un peu le cœur lourd, parce que je sais que c’est en partie de ma faute, je t’ai habitué à toujours te câliner et cajoler. Je dois changer, t’apprendre à rester et à jouer seul, tranquillement. Tu n'as que 7 mois, ce n’est pas trop tard.
J’ai hâte de me poser à tes côtés aujourd’hui, comme je fais tous les jours quand je reviens du travail. Mais aujourd’hui, que tu râles ou pas, je te laisserai jouer aussi tout seul.