Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 23:50

Lire est un luxe pour les jeunes maman. Comme pour moi être maman est un luxe, je lis.

Je ne ferai pas le résumé du bouquin, "Reines et favorites", de Benedetta Craveri, même s'il est très intéressant.

 

Je fais simplement le lien avec ce que m'a dit ma gynéco : avant, les femmes attendaient pour avoir un enfant et ce n'était pas un fait exceptionnel si on tombait enceinte au bout de 3 ans seulement.

Je sais, j'essaie de me consoler, mais la fertilité était très aléatoire pour les reines et les favorites, qui portaient les enfants des rois. Petite parenthèse, qui n'a pas de lien direct, mais DSK est un enfant innocent comparé aux rois de France! Catherine de Médicis, épouse du roi Henri 2, a eu son premier enfant au bout de 10 ans. Elle en a eu 10 après. Quelques hypothèses non historiques :

  • Catherine de Médicis a été vierge pendant 10 ans. Peu probable, Henri 2 sautait sur tout ce qui bougeait
  • Elle a mis 10 ans pour comprendre comment calculer exactement sa période d'ovulation. Bof!
  • Elle a été ensorcelée par une des favorites, pour qu'elle ne puisse pas avoir d'enfant. Probable, mais fort irréaliste
  • Elle n'a pas pu trouver un bon centre PMA à côté de Paris! Très possible
  • Mais les remèdes de ses fameux magiciens, sorciers ou médecins ont fini par porter leurs fruits
  • Pour des raisons qui dépassent toute compréhension la nature a décidé de la laisser porter un enfant au bout de 10 ans d'attente!

Même si le dernier argument me semble le plus censé (et oui, j'en profite, je suis en 2012 et je suis en protocole PMA), l'avant dernier peut être envisageable.

 

J'ai aussi lu que Mme de Pompadour faisait fausse couche sur fausse couche. Elle a fini quand même par avoir quelques enfants du roi.

 

Quelques exemples de la vie réelle, aussi : ma grand-mère a eu 5 enfants, au bout de 5 ans d'attente. Je n'ai pas eu l'occasion de demander à mon grand-père s'ils faisaient souvent l'amour. A l'époque ça ne m'intéressait pas plus que ça et il est mort avant qu'on arrive au stade de confidences d'alcôve.

La tante de ma mère a eu 3 enfants après 5 ans d'attente.

Ma belle mère a eu un enfant après un an d'attente. Sa petite a vécu 2 jours. Elle est retombée enceinte, a eu son fils et pendant presque 10 ans n'est plus jamais tombée enceinte.

 

Quand je vois mes amies et amis, je ne comprends pas comment ils peuvent tous avoir des enfants au bout de 3 mois. Les temps ont énormément changé, mais si je lis bien les nouvelles, le taux de fertilité a descendu, il n'a pas augmenté!

Ou alors je suis la descendante directe de Catherine de Médicis et on me l'a bien caché!

Quoiqu'il en soit, si quelqu'un peut me donner le numéro de téléphone des médecins de cette honnête Catherine, je lui en serai reconnaissante.

Au bon entendeur!

Partager cet article
Repost0
2 décembre 2011 5 02 /12 /décembre /2011 16:29

Dans le dictionnaire français, la définition de la femme est : "un être humain, de sexe féminin, qui peut donner naissance à un enfant". J'ai toutes les apparences d'une femme, je saigne une fois par mois, je m'achète des fringues et des bijoux et ça me fait plaisir quand les gens me font des compliments. Mais mon corps refuse de porter des enfants.

Je me sens comme un alien. Une enveloppe vide. A l'extérieur je suis une femme. A l'intérieur, mon corps bataille. Mon esprit lutte aussi. De temps en temps ces contradictions sont tellement marquées, que j'ai l'impression d'être au bord de la folie. Ces essais d'avoir un enfant me projettent dans un nouvelle perspective. Je suis une fraude.

 

Comme je ne peux pas porter d'enfant, pour le moment, j'échappe à la définition directe du dictionnaire. Je suis quoi, alors? Depuis que j'ai perdu mon bébé, il m'arrive des choses bizarres. J'ai besoin de me sentir femme. Mon inconscient veut des preuves que je suis quand même une femme. Je cherche des regards admiratifs, je guette les compliments. J'ai besoin de me sentir aimée et admirée, parce que c'est la seule façon que j'ai trouvée pour fuir l'obstination de mon corps et la loterie de la nature. Je fais de plus en plus attention à ce que je mets, j'ai envie d'acheter des fringues tout le temps, j'ai remis mon piercing. J'ai besoin d'épater, de voir le regard des autres se poser sur moi et sentir qu'ils me trouvent belle. J'ai besoin de ça, parce que sinon j'ai l'impression de perdre la tête, de ne plus savoir qui je suis, ce que je suis, dans quel but je suis là. Parfois cette attente m'exaspère tellement, que j'ai envie de pousser un cri énorme et me jeter par la fenêtre. M'écraser contre le sol et casser mon corps en mille morceaux. Ce serait ma vengeance contre la nature qui m'a donné une apparence, sans me donner l'essence de ce que je suis censée être.

 

D'autres fois, je me prépare pour quitter la maison. Dans ma tête, je fais les bagages et je quitte mon mari, ma maison, ma ville, mes amis, tout ce que j'aime, pour aller loin, dans un coin paumé, où personne me connaît. Recommencer à zéro, dans un endroit où les gens ne savent pas que j'essaie depuis maintenant 2 ans et demi d'avoir des mômes. Où je pourrais mentir à ceux qui me demandent, en disant que je ne veux pas d'enfants. Une femme qui ne veut pas avoir d'enfants est plus femme qu'une femme qui en veut, mais n'y arrive pas.

 

Il y a aussi des fois où je me dis que mon mari serait mieux sans moi. Parce qu'il a la foi et qu'il arrivera un jour, malgré ses anticorps, à mettre enceinte une autre femme, dont les hormones sont moins capricieuses que les miennes.

 

La dernière séance chez ma psy a été très dure. Je lui en ai fait part de toutes ces questions. De mes peines et de ma lutte à me démontrer à moi-même que je suis, malgré tout, une femme. Si aujourd'hui mon mari s'en allait et si je me retrouvais toute seule, si quelqu'un d'autre tombait amoureux de moi, il s'en irait tout de suite si je lui disais que je n'ovule correctement qu'un mois sur deux, que je tombe enceinte uniquement par inséminations artificielles et que j'ai déjà fait une fausse couche. Logique! "Qui veut d'une femme qui risque de ne jamais avoir d'enfants?"

"Quelqu'un qui l'aime!" m'a répondu ma psy. Ces mots sont restés suspendus, à flotter, dans l'espace étroit entre elle et moi pendant quelques secondes. Je n'ai pas su quoi répondre. Ils sont toujours avec moi, ils font une sorte d'écho dans mon esprit confus. "Quelqu'un qui l'aime, quelqu'un qui l'aime....quelqu'un qui l'aime".

 

L'amour entre deux êtres humains donne des meilleures définitions que les dictionnaires. Je suis une femme parce que j'ai l'air d'une femme, parce que je saigne une fois par mois, parce que j'ai mal aux seins même quand j'ovule mal, mais surtout parce que quelqu'un d'autre me voit et m'aime comme une femme.

 

Je suis un alien. Une FEMME alien.



Partager cet article
Repost0
14 juin 2011 2 14 /06 /juin /2011 18:09

Je n'ose pas aller faire la prise de sang. Voilà, j'ai peur d'y aller. Les deux ordonnances que j'ai me disent qu'à partir d'aujourd'hui je pourrais aller faire le dosage, mais j'ai peur d'y aller. Tellement peur que j'ai envie de vomir, que je sens mes membres trembloter, comme avant les examens à la fac. J'ai un noeud dans la gorge. Parfois il descend dans le ventre. Je suis à l'affût de tous les symptômes. J'ai un peu mal au ventre. Il y a des minutes où je me dis que ce sont les règles qui arrivent et des minutes où je me dis que ce sont les cerises que j'ai mangées à midi. Je ne supporte plus cette attente, que je m'impose à moi même, par ailleurs.

 

Mais je ne peux pas aller faire une prise de sang. J'en ai fait tellement avec le même résultat négatif que j'ai peur d'y aller. C'est ce que j'ai dit à ma gynéco la dernière fois que je l'ai vue. "Je suis désolée, je sais que vous voulez être sûre que je ne suis pas enceinte, pour que je puisse prendre ce médicament, mais je ne pense pas être enceinte, je n'irai pas faire une autre prise de sang". Depuis un an je dois faire des prises de sang et des examens tous les mois. Pour l'une ou l'autre. C'est comme ça, on m'analyse. Et maintenant, je n'y crois plus. J'ai le coeur serré, je connais tellement bien les réponses, par téléphone ou les fiches avec les résultats qu'on nous donne. Avec le même sourire qui ne veut rien dire de l'assistante du labo...ça veut rien dire, parce qu'elles savent qu'il n'y a rien à dire, la feuille ne dit rien. Les taux de B HCG sont restés bas à chaque fois. Dans ma tête, je n'arrête pas de repousser le jour de la prise de sang. Je me dis que ce n'est pas grave, que je vais attendre et si je suis enceinte je le saurai un jour! J'aurai des symptômes. Maintenant je n'en ai pas. Hier j'avais un peu mal aux seins, aujourd'hui...silence. J'ai l'impression d'avoir un peu des nausées, mais je me reprends et je me dis que tout est dans ma tête. Pour ne pas être déçue. Si je n'ai pas mes règles demain (demain ça fera vraiment 28 jours, soit 17 ou 18 après le déclenchement, je ne sais même plus comment compter) je pense que j'attendrai encore. J'imagine attendre et attendre et attendre...juste laisser la vie me dire que ça y est, je suis enceinte, le cauchemar est fini. D'antan on ne faisait pas tellement de prises de sang. On attendait d'avoir des retards d'une semaine, on apprenait par la force de la nouvelle vie qu'on était enceintes. Maintenant tout est monitorisé. Et moi j'ai peur de faire cette prise de sang!

 

Demain on a aussi notre premier RDV pour notre démarche d'adoption. C'est la 1ere réunion de 3h à laquelle tous les deux conjoints doivent participer. Je ne sais pas exactement ce qu'ils vont nous dire. On verra.

 

J'ai promis deux choses, si un jour j'arrive à avoir mon bébé, sorti de mes tripes :

1. Je me batterai pour adopter un enfant, parce que c'est la plus belle chose qui soit, donner de l'amour à un petit qui n'en a pas.

2. Je donnerai de mes belles ovules qui, pour l'instant ne me servent pas à grand chose. J'aurai moins l'impression que c'est du gâchis. Si je pouvais donner des ovules, je pense que je le ferais déjà, mais en France il faut avoir eu un enfant déjà. Le nombre d'ovules que j'ai dû gaspiller, ça me fait mal au coeur...

 

Demain me fait peur, mais je me promis aussi de survivre, de me battre contre cette fatalité aberrante qui donne des enfants aux gens qui ne veulent pas en avoir, ou qui ne peuvent pas les avoir, mais qui ne laisse pas leur chance aux gens qui en veulent au point de ne plus en pouvoir! Je vois ce que j'écris et c'est aussi absurde. Nous sommes tellement peu dans ce cas. Mon mari et moi sommes tellement seuls! Alors se révolter contre la vie en général n'est pas bien cohérent! La vie est bien faite, pour la majorité des gens. Sauf pour nous!

 

Le cercle vicieux est lancé : pourquoi moi, qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça, qu'est-ce que nous avons fait pour devoir subir ce manque atroce qui nous ronge petit à petit? Je suis allée sur des forums, j'ai vu qu'il y a des cas qui ont moins d'espoir que nous, médicalement parlant. Mais je ne les connais pas ces gens. Je voudrais les voir et les toucher, les regarder dans les yeux, les prendre dans mes bras et pleurer un bon coup. Savoir qu'il y a des hommes et des femmes qui comprennent. Qui comprennent vraiment cette peine sans fin. Parler à des gens qui ont des enfants est inutile. Ils ne peuvent pas me reconforter. Je sais qu'ils pourraient essayer de me consoler, mais ça me ferait l'effet inverse. Ca me mettrait en rage, parce que je n'ai pas besoin d'être consolée par des gens qui ne peuvent pas comprendre notre peine.Et j'en peux plus d'entendre : "Mais tu vas voir, ça marchera un jour". Quand j'entends ça j'ai encore plus envie de hurler : "Putain de merde, prends ton gamin dans les bras et remercie Dieu ou les astres, ou la nature ou personne si tu crois en rien, d'avoir pu le mettre au monde, mais ne me dis pas que tu sais que je vais avoir un enfant un jour, parce que tu n'en as aucune putain d'idée!".

On dit que ce qui ne tue pas nous rend plus fort : des conneries. Je n'ai jamais été aussi à fleur de peau que depuis 2 ans! Je sens ma joie de vivre me quitter petit à petit, la confiance dans la vie et dans les gens s'éteindre et ma jalousie s'accroître jusqu'à vouloir que personne ait de grossesse si je n'en ai pas. C'est horrible et c'est égoïste, mais c'est sincère. Ces jours j'arrive à être contente que pour des femmes qui réussisent, mais qui ont eu du mal. Comme si elles le méritaient plus que les autres. Peut-être bien que c'est vrai. J'essaie de tirer des points positifs de cette expérience, d'apprendre, mais tout ce que j'apprends c'est que je suis un être humain, avec quelques forces et beaucoup de faiblesses.

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
16 mai 2011 1 16 /05 /mai /2011 20:26

Mon enfant,

Ce mois ça fera 2 ans que nous nous sommes dit qu'on avait envie de t'avoir. C'est moi qui ai eu le désir la première. Je suppose que c'est normal. Il y a, je crois, chez les femmes un léger titillement, un tiraillement dans les ovaires, des battements d'aile dans le ventre. Certains l'appellent l'horloge biologique. Ma psy, que tu ne connaîtra pas, l'appelle tout simplement LE DESIR.

Tu apprendras à me connaître. Je ne pars jamais perdante. Je fais confiance à la vie. Et pourtant, avant même que nous arrêtions de nous protéger, j'avais un mauvais présentiment. Comme si je sentais que ça n'allait pas être facile, que je n'allais pas voir les barres s'allumer sur les tests d'urine, que je n'allais pas sentir mes tripes se broyer et mon estomac se préparer à régurgiter de si tôt. Dès les 2 premiers mois, je parlais à ceux qui voulait m'entendre, je leur faisais partie de mes craintes.

 

Il faut être une femme pour comprendre ce que c'est cette peur : la peur d'être stérile, de ne jamais pouvoir donner la vie. Les hommes, aussi bons et gentils qu'ils soient ne peuvent pas comprendre. Il ne sont génétiquement pas programmés pour sentir cette peur. Il faut un utérus pour vraiment l'expérimenter, cette douleur, cette flèche qui traverse cet endroit où nous sommes censées abriter notre âme. C'est comme un couteau enfoncé dans la chair.

 

2 ans que je t'attends...soit près de 730 jours. Il faut que tu comptes les nuits aussi. Ce serait trop simple si je devais porter ce chagrin uniquement pendant la journée. 700 jours où je me suis réveillée en pensant qu'un jour je pourrai sentir ton odeur, carresser ta peau de nouveau né. Ce sont les rêves des beaux jours, quand l'espoir lutte pour vivre...C'est peut être mon utérus vide qui s'entête à croire. Les mauvais jours je me réveille, j'imagine que je pourrai un jour faire comme 90% (d'après des statistiques) des femmes : pleurer et sourire, en serrant pour la première fois leur enfant dans leurs bras. Les mauvais jours ça ne dure pas longtemps. C'est la réalité qui me rattrape : la vérité c'est que je ne sais pas si je pourrai un jour vivre ce bonheur.

 

Tu sais, il leur faut 2 ans, aux médecins pour déclarer un couple stérile. Avant on nous appelle les infertiles! Je suppose qu'on nous met dans la 2e catégorie, parce qu'ils nous laissent tenter nos chances. Les 10 coups de loto, préparés en laboratoire, c'est à dire les 6 IAC (Insemination Artificielle avec Sperme du Conjoint) et les 4 FIV (Fécondation in Vitro), pris en charge par la Sécu. Je sais ça fait beaucoup de termes barbares à apprendre et beaucoup de sigles : FIV, IAC, IAD, FIV ICSI.

 

Ce mois de juin ça fera 2 ans, avec leurs jours et leurs nuits que je t'attends. Comme je sens que cette 1ere IAC a échoué, ma réserve d'espoir s'affaiblit.

Je respire un grand coup (je soupire beaucoup depuis un petit moment) et j'essaie de me redonner du courage, de me dire que c'est rare que ça marche du 1er coup et que j'aurai la force de reprendre. Ca fout un coup au moral, ça me met en rage contre tout ce qui est vivant ou inanimé, surtout contre cette putain de nature qui nous refuse de donner la vie. Ce mois de juin, d'après les statistiques, nous sommes officiellement un couple stérile.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de lettreamafille
  • : Un journal pour mon enfant
  • Contact

Recherche

Liens