Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 décembre 2011 5 16 /12 /décembre /2011 18:58

Depuis ma fausse couche, j'essaie désespérement de reprendre le cours de ma vie. De sortir, de voir du monde, de faire des spectacles, des concerts...Ca marche plutôt pas mal.

De temps en temps j'y pense et je me mets à pleurer. Le "au moins ça marche" du début commence par contre à s'estomper. Chaque fois que je raconte aux gens et que j'entends "au moins tu sais que ça marche" j'ai envie de leur en mettre une. Pas très fort, juste qu'ils se réveillent. Mais les pauvres, ils n'y sont pour rien, ils essaient à leur manière de m'encourager. Puis de toute façon je n'ai pas envie d'être mal polie.

 

Ce sont les petites choses qui me rappellent le plus mon début de grossesse et la douleur de l'avoir perdue

  • ma petite robe rouge en soie que j'ai portée souvent cet été
  • la citronnelle que nous avons acheté en Corse le premier jour où j'ai su à l'écho que j'étais enceinte
  • la carte de la Corse
  • l'entrée de l'hôpital où j'étais censée accoucher, devant laquelle je passe tous les jours
  • une petite bouteille d'eau en plastique achetée en corse et qui traîne à la maison (celle là il faut que je la jette)
  • le CD de Gainsbourg que j'ai écouté en boucle dans la voiture pendant les vacances
  • un bouquin que mes amis m'ont offert pour mes 31 ans et dans lequel j'ai mis les échos de mon bébé, quand il faisait 7mm
  • "Nous étions les Mulvaney", parce que c'est le premier livre que j'ai vu le matin où j'ai fait le test pipi positif
  • mon mari...tous les jours

Il y a des choses que je peux faire disparaître pour oublier plus vite. Mais je ne suis pas sûre que la douleur s'en aille si je rends le bouquin à ma belle mère, si je fais tomber la bouteille de citronnelle, si je donne ma petite robe rouge en soie...Si je ne vois pas mon mari!

 

Partager cet article
Repost0
16 décembre 2011 5 16 /12 /décembre /2011 18:38

- Ce mois-ci c'est pause, m'a dit ma gynéco. Vous prenez la pilule, on met vos ovaires au repos.

Repos de quoi? Mes ovaires n'ont pas beaucoup de raisons d'être fatigués.

- Vos follicules sont trop mûrs, trop tôt. Si on vous laisse comme ça, vous allez ovuler vers J10 et ça va vous faire une fausse couche.

 

Pitié! Pas de fausse couche. Je traîne encore le souvenir de l'expulsion. Un embryon de la taille d'une balle de ping pong.

 

- S'il faudrait expliquer quelque chose, a continué ma gynéco, c'est ça votre déséquilibre hormonal. Vos ovaires vont trop vite et le nid n'est pas prêt.

Je ne suis pas sûre de comprendre, mais ça a l'air censé. En gros, de temps en temps, pas tous les mois, je fabrique des follicules qui mûrissent trop vite, pour que le reste du corps soit prêt pour accueillir une grossesse.

Je suis naïve, mais je me pose la question si toutes les femmes qui ovulent vers J10 sont infertiles.

 

- Ce n'est pas grave, c'est juste que de temps en temps vous n'ovulez pas correctement. Mais je ne suis pas inquiète, parce que les mois où vous ovulez, vos ovules sont beaux!

 

OK. Qu'est-ce que je fais de cette information? Rien vraiment, je la rajoute à la liste d'informations à ne pas exploiter, parce que je ne sais pas bien quoi en faire. D'un côté elle me rassure, d'un autre je me demande pourquoi on ne peut pas calmer mes ovaires, pour qu'ils produisent de beaux ovules au bon moment.

 

- Votre mari et vous n'êtes pas un couple stérile. Vous êtes un peu infertiles. Il y a un temps, vos grand-mères avaient 3 ou 4 enfants en une vie. Ça ne fait pas beaucoup. Un vers 20 ans, un autre vers 25 et puis un autre vers 30 ans...Aujourd'hui on veut tout, tout de suite. Vous n'avez pas à vous inquiéter...

Je ne sais pas non plus quoi faire de cette information. En quoi ça peut me rassurer que ma grand-mère a eu 4 gosses, le premier après 5 ans d'attente et les 3 autres l'un après l'autre. Je ne suis pas ma grand-mère et si je regarde autour, toutes mes copines et 99,9% de mes collègues de boulot ont des mômes.

 

Mais a priori, il faut que je me résigne. Même si je ne comprends pas tout, l'explication la plus juste serait que mes ovaires font des caprices. Ils ovulent correctement, mais pas tous les mois.

Et à ça se rajoutent les anticorps sur les spermatozoïdes de mon mari, qui les empêchent de monter et de faire leur boulot dans l'utérus. Si je fais le calcul, je peux attendre tranquillement la fin du monde et je n'aurai toujours pas de gamin! Et en attendant la fin du monde, je prends la pilule.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
2 décembre 2011 5 02 /12 /décembre /2011 16:29

Dans le dictionnaire français, la définition de la femme est : "un être humain, de sexe féminin, qui peut donner naissance à un enfant". J'ai toutes les apparences d'une femme, je saigne une fois par mois, je m'achète des fringues et des bijoux et ça me fait plaisir quand les gens me font des compliments. Mais mon corps refuse de porter des enfants.

Je me sens comme un alien. Une enveloppe vide. A l'extérieur je suis une femme. A l'intérieur, mon corps bataille. Mon esprit lutte aussi. De temps en temps ces contradictions sont tellement marquées, que j'ai l'impression d'être au bord de la folie. Ces essais d'avoir un enfant me projettent dans un nouvelle perspective. Je suis une fraude.

 

Comme je ne peux pas porter d'enfant, pour le moment, j'échappe à la définition directe du dictionnaire. Je suis quoi, alors? Depuis que j'ai perdu mon bébé, il m'arrive des choses bizarres. J'ai besoin de me sentir femme. Mon inconscient veut des preuves que je suis quand même une femme. Je cherche des regards admiratifs, je guette les compliments. J'ai besoin de me sentir aimée et admirée, parce que c'est la seule façon que j'ai trouvée pour fuir l'obstination de mon corps et la loterie de la nature. Je fais de plus en plus attention à ce que je mets, j'ai envie d'acheter des fringues tout le temps, j'ai remis mon piercing. J'ai besoin d'épater, de voir le regard des autres se poser sur moi et sentir qu'ils me trouvent belle. J'ai besoin de ça, parce que sinon j'ai l'impression de perdre la tête, de ne plus savoir qui je suis, ce que je suis, dans quel but je suis là. Parfois cette attente m'exaspère tellement, que j'ai envie de pousser un cri énorme et me jeter par la fenêtre. M'écraser contre le sol et casser mon corps en mille morceaux. Ce serait ma vengeance contre la nature qui m'a donné une apparence, sans me donner l'essence de ce que je suis censée être.

 

D'autres fois, je me prépare pour quitter la maison. Dans ma tête, je fais les bagages et je quitte mon mari, ma maison, ma ville, mes amis, tout ce que j'aime, pour aller loin, dans un coin paumé, où personne me connaît. Recommencer à zéro, dans un endroit où les gens ne savent pas que j'essaie depuis maintenant 2 ans et demi d'avoir des mômes. Où je pourrais mentir à ceux qui me demandent, en disant que je ne veux pas d'enfants. Une femme qui ne veut pas avoir d'enfants est plus femme qu'une femme qui en veut, mais n'y arrive pas.

 

Il y a aussi des fois où je me dis que mon mari serait mieux sans moi. Parce qu'il a la foi et qu'il arrivera un jour, malgré ses anticorps, à mettre enceinte une autre femme, dont les hormones sont moins capricieuses que les miennes.

 

La dernière séance chez ma psy a été très dure. Je lui en ai fait part de toutes ces questions. De mes peines et de ma lutte à me démontrer à moi-même que je suis, malgré tout, une femme. Si aujourd'hui mon mari s'en allait et si je me retrouvais toute seule, si quelqu'un d'autre tombait amoureux de moi, il s'en irait tout de suite si je lui disais que je n'ovule correctement qu'un mois sur deux, que je tombe enceinte uniquement par inséminations artificielles et que j'ai déjà fait une fausse couche. Logique! "Qui veut d'une femme qui risque de ne jamais avoir d'enfants?"

"Quelqu'un qui l'aime!" m'a répondu ma psy. Ces mots sont restés suspendus, à flotter, dans l'espace étroit entre elle et moi pendant quelques secondes. Je n'ai pas su quoi répondre. Ils sont toujours avec moi, ils font une sorte d'écho dans mon esprit confus. "Quelqu'un qui l'aime, quelqu'un qui l'aime....quelqu'un qui l'aime".

 

L'amour entre deux êtres humains donne des meilleures définitions que les dictionnaires. Je suis une femme parce que j'ai l'air d'une femme, parce que je saigne une fois par mois, parce que j'ai mal aux seins même quand j'ovule mal, mais surtout parce que quelqu'un d'autre me voit et m'aime comme une femme.

 

Je suis un alien. Une FEMME alien.



Partager cet article
Repost0
27 novembre 2011 7 27 /11 /novembre /2011 23:16

A 1 mois et 1/2 de grossesse, mon embryon faisait 1.5 cm. Un petit haricot.

Mon mari l'appelait comme ça.

Aujourd'hui j'ai épluché des fèves. Geste anodin, en soi.

Mais en sortant une de sa poche, j'ai eu l'impression de voir, pour la première fois, la taille réelle du bébé que j'ai perdu il y a 3 mois. Je suis triste comme une pierre. Non pas que les pierres soient tristes!

Je donnerais beaucoup de choses pour que ce petit haricot soit toujours avec moi. J'aurais dû connaître le sexe de mon bébé bientôt...J'aurais été à 5 mois de grossesse.

 

En attendant je vois défiler les nouveaux nés de nos amis et connaissances.

J'ai peur d"aller sur Facebook, parce que tout le monde a mis des photos de leurs bébés. Je peux au mieux mettre une photo de mon chat. Je ne suis pas comme les autres femmes!

 

Je n'ai plus envie de faire des inséminations, je n'ai plus envie de me coller des visites chez le médecin tout le temps, pour monitoriser la taille de mes follicules! Au diable avec les échographies et les piqûres de Puregon.

 

Je ne suis pas encore prête pour un autre haricot, je pleure toujours après le premier.

 

 

Partager cet article
Repost0
20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 10:35

Il était une fois une très très bonne amie à moi, qui savait tout sur ma vie. Elle connaissait toutes mes joies, mes espoirs et mes attentes. Elle a été parmi les premiers à savoir que mon mari et moi "avons des problèmes". Je déteste cette expression toute faite, il faudrait que j'en invente une autre. Elle savait que parfois cette douleur me réveillait la nuit et que l'attente et l'incertitude me rendaient dingue.

 

Mon amie me racontait plein de choses aussi sur sa vie. L'abandon de sa mère, ses pensées noires, la relation avec son mec, ses doutes qu'il était avec elle "par défaut". Je pensais tout savoir sur sa vie. Je l'aimais beaucoup mon amie. C'était la personnne à laquelle je faisais le plus confiance, à part mes amis d'enfance. De temps en temps, pas très souvent je lui demandais si elle voulait avoir des gamins. Systématiquement, elle m'assurait, avec toute son énergie, que la question ne se posait même pas, qu'elle était à 2 doigts de quitter son gars, qu'elle en avait marre, qu'il ne voulait pas s'engager et qu'en plus elle avait un moyen contraceptif qui ne s'enlevait pas tout seul. Donc systématiquement, je me faisais des soucis pour elle, parce que je voyais qu'elle était malheureuse.

 

Et puis vient le mois d'octobre (2010). D'un coup, mon amie, que je voyais toutes les semaines et que j'avais tout le temps au téléphone, ne me donne plus de nouvelles. Je l'appelle, elle m'envoie des messages courts en me disant qu'elle est malade et que son mec prend soin d'elle. Naturellement, je m'inquiète et je lui propose d'aller l'aider si elle a besoin de quelque chose. Un mois et demi que je ne la vois plus. Je ne sais plus quoi en penser, donc je l'appelle à nouveau. A priori ça va mieux, elle me propose de manger chez elle. Tout se passe bien, je suis contente de la revoir, elle part à Venise. J'adore Venise, je lui donne quelques bons plans.

A la fin du repas, elle s'allonge sur le canapé, comme d'habitude et nous papotons. Au bout d'un moment, elle nous regarde, la mine sérieuse, comme pour nous annoncer une tragédie :"Les amis, nous avons quelque chose à vous dire (Je me dis que c'est foutu, ça y est, ils se séparent. Mon coeur bat vite, je m'attends au pire...) Si tout va bien, dans quelques mois nous aurons un enfant!"

 

Un grand blanc dans ma tête. Mon sang ne circule plus correctement! Je lève les yeux. La bienséance est plus forte que mon envie de lui crier :"Tu te fous de ma gueule?". La bienséance gagne. "Félicitations!". La soirée continue avec des détails sur ce début de grossesse. Les minutes me semblent des années. Je suis sonnée, je ne comprends plus rien, je me suis posée la question si c'était un accident, mais je comprends que c'était voulu. Je décide de partir, comme je ne suis plus très à l'aise. Je rentre chez moi avec mon mari. Je rentre dans la chambre et mon regard tombe sur une icône peinte sur bois, que ma mère m'a offerte. C'est une icône de la vierge. Je la prends et je la balance de toutes mes forces. Dieu n'existe pas!

 

Le lendemain, mon amie m'envoie un email, pour me demander si la nouvelle ne m'avait pas fait de la peine. Je n'avais pas dormi de la nuit, pour être honnête. J'ai pleuré comme pour un enterrement. Je ne sais pas pourquoi. De peine qu'elle ne m'ait jamais partagé ses envies, qu'elle m'ait mentie sur sa vie et sur son mec, de jalousie, parce qu'elle est enceinte et pas moi. Je lui réponds par mail que ce n'est pas vraiment la nouvelle qui me bouleverse, mais son manque de confiance en moi. Elle me répond en retour qu'elle n'avait pas eu le temps de m'en parler, aussitôt décidé d'avoir un enfant, aussitôt tombée enceinte. Que je pouvais et devais lui faire confiance. Je lui fais un mail de 2 pages pour m'excuser de ma réaction sèche, pour lui dire que j'étais contente que tout se passe bien pour elle et qu'elle ait trouvé une belle sortie à ses soucis avec son mec.

 

Je lui écris ça, mais au fond de moi c'est toujours le vide intersidéral. La torture! Je n'arrive pas à être contente pour elle. Je n'y arrive pas. Je pleure tous les jours.

 

Et puis un jour je vois un ami de son mec. Qui me dit qu'il leur avait annoncé la grossesse et qu'il avait raconté que ça faisait 5 mois qu'ils essayaient. Le ciel tombe! Non seulement elle ne m'avait pas parlé de ses envies, mais elle me mentait depuis des mois. Pendant qu'elle me racontait qu'elle voulait quitter son copain parce que ça n'allait pas, qu'elle m'assurait que les idées de gamins étaient loin, elle essayait en fait de tomber enceinte. C'est trop pour moi, ma tête fatiguée déjà par ma propre douleur et par ce combat débile d'avoir un gosse, ne tient pas le coup. Je lui en veux terriblement.

 

J'ai coupé, depuis ce jour, les ponts avec mon amie. D'un seul coup, la personne qui était la plus présente dans ma vie n'était plus là. Supporter cette absence a été comme regarder tous les jours une blessure rouge, profonde, qui ne veut pas se fermer. Elle me manquait cruellement, mais je n'arrivais pas à lui pardonner. Un soir, quand elle était à 5 mois de grossesse, je prends mon téléphone, j'avale ma fierté et je l'appelle. Forcément, elle ne répond pas. Pour elle je suis un monstre qui n'arrive pas à être contente pour son amie enceinte. Elle a peut-être raison. Je lui laisse un message sur le répondeur, en disant que je voulais parler de...tout ça. Elle ne me rappelle pas. Quelques mois après mon mari aussi essaie de la joindre plusieurs fois. Sans succès, évidemment. Elle sort une seule fois de son silence, en expliquant que ce n'était pas à mon mari de l'appeler, mais à moi, mais que vraisemblablement nous n'avions rien à nous dire, parce que rien ne justifiait ma réaction. Grosso modo : nous n'avons plus rien à se dire. Jamais.

 

Les mois passent, je remplis ma vie autrement, je galère parce que malgré le fait que sois fâchée et que je ne lui pardonne pas, elle me manque. Elle accouche. Mon mari me dit qu'il a envie d'aller les voir. Pour moi, ils n'existent plus. Ma vie est faite autrement maintenant, avec d'autres amis, des visites chez ma gynéco de PMA, des piqûres, des hormones déçues, la pilule entre deux cycles pour reposer mon corps, ma grossesse miracle qui s'est arrêtée trop tôt. La vie a continué sans elle, elle s'est refaite.

 

La semaine dernière, mon amie, que je n'ai pas vue depuis un an m'envoie un email pour m'inviter chez elle, ils font une fête pour l'arrivée de leur petite. Je suis perturbée, je ne sais pas quoi faire et pendant 2 semaines je me dis que je n'irai pas, c'est fini et ça ne pourra jamais recommencer. A quoi bon de recoller des morceaux, qu'on ne sait plus à quoi ils appartient. Mon mari me dit qu'il comprend, mais qu'il ira quand même. Je suis tellement pas claire sur ce que j'ai envie de faire, que j'appelle tous les amis pour leur demander leur avis. Naturellement, ils ne savent pas quoi me dire, c'est à moi de décider. 30 minutes avant que mon mari parte, je décide d'y aller. Crever cet abcès, lui montrer que ce n'est pas la peine de s'éviter, que nous sommes deux femmes intelligentes et pouvons passer des soirées ensemble sans foutre tout le monde mal à l'aise.

 

J'y suis allée. Au début nous n'avons pas beaucoup parlé, parce qu'il y avait du monde. Avant que je parte, je lui dis au revoir dans la cuisine. Je dis une connerie et elle rigole. La glace se brise, elle me raconte sa dépression post partum. Ça a l'air tellement dur ce qu'elle a vécu, que j'en ai des frissons. Je n'arrive pas à imaginer et je ne veux pas imaginer comment une maman qui vient d'accoucher peut vouloir se jeter par la fênetre. Les gens défilent et j'ai envie de rester avec elle, pour qu'elle me raconte ses peines. J'ai envie de lui dire que je sais ce que c'est la souffrance, la culpabilité, que j'ai perdu mon bébé il y a 2 mois, partager ma peine avec elle, comme avant. Je ne le fais pas, je suis trop pudique avec mes douleurs! Je décide finalement de m'en aller, c'est tard et je suis fatiguée de la veille.

En partant j'ai envie de pleurer!

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 01:40

Que je tombe enceinte au bout de 2 ans et 2 IAC, OK! Que je fasse une fausse couche au bout de 2 ans...pas OK, mais ça arrive à tellement de monde que je me plie aux règles de la nature. Que derrière ma 3e IAC foire...toujours pas OK, mais c'est aussi la nature.

 

Mais que j'aprenne aujourd'hui qu'une amie de mon mari a donné le même prénom à sa fille que j'avais en tête pour MA fille, ça c'est pas OK du tout.

C'est foutu, le prénom que j'ai choisi pour ma fille est pris. Je dirais même que ça me fout encore plus hors de moi que d'avoir raté la 3e IAC.

Ca c'est vraiment pas juste!

Partager cet article
Repost0
9 novembre 2011 3 09 /11 /novembre /2011 23:23

Arrêter tout, d'un coup, d'un seul. Me dire que la vie vaut la peine d'être vécue non pas parce que nous sommes des réceptacles, mais par ce que nous représentons. Qu'au-delà du fait de pouvoir porter un enfant, nous sommes des êtres humains avant d'être des femmes. Que le  sens de nos vies n'est pas fait de la seule capacité de procréer. Ce n'est pas ce qui nous définit en essence.

 

Me poser la question autrement : si j'avais un enfant demain, est-ce qu'il serait l'unique sens de mon existence? J'espère que non! J'espère que le jour où je rentrerai chez moi avec mon bébé (adopté ou biologique) dans les bras, je n'oublierai pas les sensations et les souvenirs qui font de moi la personne que je suis : l'émotion que je ressens quand je retourne au cinéma, après une longue absence. Le plaisir de partir en vacances avec 3-4 bouquins. L'odeur du café le matin. Le goût des framboises. Les jeux de société avec mes amis, le plaisir de les gagner (même si ça n'arrive pas souvent). Le rire sain et puissant de mon père. Danser avec mes amis. La fraîcheur d'un verre de vin blanc de Bourgogne. Sentir les larmes se nouer sur mon visage quand je vois un spectacle qui me touche. Le regard de mon mari à sa fête de 30 ans quand il a découvert son cadeau. Le petit mot de mon amie, sur un bouquin de Gabriel Garcia Marquez. Le jour où un ami à moi m'a fait littéralement tomber de rire en plein amphi à la fac. La main maladroite de ma mère sur mon visage, comme si elle essayait de s'imprimer sur sa main mes traits, avant chacun de mes départs froids, pour ne pas lui faire de la peine. La force de mon oncle, quand il me prend dans ses bras parce qu'il est content de me retrouver. Les crêpes et les patates à la tomate de ma grande mère. Son départ brutal et atroce, qui m'a appris ce que c'était la mort. La nuit où j'ai appris que j'avais eu le concours pour rentrer à l'école. Le soir où j'ai vu jouer et chanter une de mes artistes préférés.

 

Me rappeler tous les jours, que je ne suis pas uniquement faite de désirs, mais aussi de souvenirs, des échanges avec les ceux qui m'ont élevée et ceux que j'ai rencontrés.

 

Pour la première fois, depuis le début de nos mésaventures, pour la première fois en 2 ans et 4 mois, je me demande si aveuglée par ce combat, je n'ai pas perdu mon âme, mon vrai visage, quelque part sur la route. Ce constat me rend presque aussi malheureuse que l'idée de ne jamais pouvoir un enfant.

Pour la première fois en 2 ans je me demande sérieusement s'il ne faudrait pas tout arrêter et me résigner! Au lieu d'attendre, profiter de ma vie, comme je le faisais avant.

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
6 novembre 2011 7 06 /11 /novembre /2011 20:08

Test Clearblue, fait ce matin. Pas de petit bonhomme souriant : PAS ENCEINTE.

Il y a 3 jours j'étais persuadée que j'étais enceinte. J'avais mal aux seins, les tubercules de Montgomery sur mes tétons faisaient le même dessin qu'il y a 2 mois, quand j'ai fait fait la fausse couche. Je me réveillais avec des nausées, légères, comme la première fois.

Mais avant hier j'ai su que ce n'était peut-être pas gagné. J'ai eu des pertes marron très claires. Au début juste un peu, après beaucoup plus. J'ai 5 jours de retard de règles. Je n'ai pas eu le courage de faire le test de sang, car je partais voir une amie à l'étranger et je ne voulais pas être déçue, gâcher ce week end. Je n'ai pas touché à l'alcool, car j'étais vraiment persuadée que c'était bon, j'étais enceinte. J'ai attendu de rentrer à la maison. Mon mari a acheté le test à la pharmacie. J'ai préféré que ce soit lui, parce que la dernière fois c'était bien lui qui l'avait acheté et je pensais que ça allait me porter chance pour ma 3e insémination artificielle.

 

Mais les pertes marron claires, probablement mon début de règles retardées par l'Utrogestan n'étaient pas, comme la dernière fois, un bon signe. Je me suis réveillée à 7h pour aller faire pipi sur le bâton. Je savais depuis hier soir que c'était plus que possible qu'il soit négatif, mais j'ai une fâcheuse tendance à l'espoir. Étrange chose cet espoir. Chez moi il devient pathologique, tellement j'ai envie d'y croire. Le test a été clair, comme d'habitude : PAS ENCEINTE.

 

Pourquoi j'ai cru que ce mois ci allait être le bon? Je ne sais pas, j'avais peut-être envie d'avoir une bonne nouvelle après toute cette souffrance. Quel Dieu, dans quel monde, peut donner une grossesse à un homme et une femme qui attendent depuis si longtemps, juste pour leur arracher leur bébé à 2 mois? Quel sens peut avoir cette attente? Qu'est-ce que je suis censée apprendre? Et pourquoi?

 

Parfois je me demande si je veux vraiment cet enfant. Si ça vaut toute cette peine. Je suis le fantôme de moi-même depuis que j'ai commencé à attendre. J'ai perdu l'envie de vivre, même si je me crée des occupations, je fais du sport, j'ai des activités. Avant j'aimais bien faire la fête. Maintenant je n'ai plus le coeur à la fête. Mon coeur et mon esprit sont bloquées dans l'antichambre d'un monde parallèle, comme dans un Purgatoire. Je n'ai pas l'impression de vivre ma vie, mais celle d'une autre femme qui a été punie pour un péché immense.

 

Il y a une semaine, quand j'y croyais encore, je rentrais chez moi. J'habite une rue animée, sympa, pleine de magasins et de gens qui se baladent avec leurs enfants. Mon envie de voir ma fille (je ne sais pas pourquoi, mais je me vois avec une fille) pas encore née était si intense que j'ai crié dans ma tête son prénom (oui, depuis quelque temps je pense avoir choisi le prénom de ma fille). Une seconde après j'ai entendu ce prénom. Une mère appelait une petite fille habillée avec un manteau gai. Je me suis dit que c'était un signe et que effectivement j'étais enceinte et j'allais enfin avoir ma fille. Je perds la tête! J'ai des conversations imaginaires avec une force qui n'est pas Dieu, mais qui contrôle ma vie et qui se moque de mes espoirs et de mes désirs. Qui me met à rude épreuve depuis quelque temps. Si on m'avait dit, il y a 3 ans que j'allais devenir une femme fragile, qui a peur de faire des prises de sang j'aurais été très sceptique. La douleur ne rend pas plus fort, elle tue.

 

P.S. Il faut que je fasse attention à ne pas me remettre à fumer. J'ai difficilement arrêté il y a un an et hier j'ai fumé 2 clopes et aujourd'hui 4. Ce serait dommage de recommencer, mais je sens que ça m'apporte un peu de plaisir et pour ça c'est inestimable.

Partager cet article
Repost0
24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 18:56

J'ai fait (on m'a fait, pour être plus exacte) l'IAC 3 il y a une semaine. Mon médecin m'a dit que mon corps s'était bien remis après la fausse couche, que l'endomètre était "magnifique". Cette fois je n'ai fait que 4 jours de Puregon, en me laissant, au passage, un bleu, tellement j'avais enfoncé l'aiguille. J'ai eu un follicule de 22 ou 23 mm, j'ai cru entendre le jour de l'écho de contrôle.

 

Le jour de l'insémination mon médecin m'a dit que ça se présentait bien. Elle m'a injectée 8, quelque chose millions de spermatozoïdes et m'a dit de féliciter mon mari. Je l'ai fait. Elle m'a fait rentrer chez moi après l'insémination, pour me reposer.

J'ai eu quelques douleurs, a priori normales, car l'utérus s'est un peu contracté. Elle m'a conseillée de prendre du Spasfon. J'en ai pris 3. Le lendemain ça allait mieux, je suis retournée au travail.

 

J'ai mal aux seins quasiment depuis le jour de l'insémination. J'ai eu mal aux seins comme quand j'ai été enceinte. Les mêmes douleurs qui vont et viennent, avec les tétons sensibles. Je suis devenue une espionne très douée. Je fais attention aux moindres signes que me donne mon corps! Hier les seins ne me faisaient plus mal, je me suis dit que je m'étais fait de faux espoirs. J'essaie de me raisonner. Mais aujourd'hui j'ai eu encore plus mal aux seins.

 

Quand je veux être lucide, je me dis que ce sont les effets de la piqûre de déclenchement, Ovitrelle. Mais ce mois ci, je n'arrive pas à être lucide. Je ne sais pas pourquoi, j'ai l'impression que je serai enceinte. Mais je ne sais vraiment pas pourquoi. Pourtant j'essaie d'auto dissuader pour que ce ne soit pas trop dur à la prise de sang.

 

A vrai dire, je ne peux pas savoir, ça peut être bon, comme ça peut être foutu. Je peux être enceinte ce mois ci, ou dans un an! L'important c'est que, a priori, c'est possible. J'ai écumé les sites et je suis tombée sur pas mal de témoignages de filles qui sont tombées enceintes tout juste après une fausse couche! Pourquoi pas moi.

 

Dans les contes de fées le chiffre 3 est magique. Quand j'étais petite, j'adorais les contes de fées. Je me dis que la magie peut descendre dans ma vie aussi. 3e IAC, premier bébé.

Il faudra que je sois très forte ce mois si jamais ça ne marche pas, avec tous ces rêves!

Partager cet article
Repost0
24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 18:39

J'ai une collègue au travail qui nous a dit qu'elle essayait d'avoir des enfants depuis 1 an. Elle a commencé à être suivie dans un centre PMA. Elle a commencé par les tests de routine, avec les 3 prises de sang à des moments précis du cycle. Je lui ai parlé après le premier test, celui qui est censé mesurer la période folliculaire. Elle m'avait dit qu'elle était dans les normes.

 

Aujourd'hui j'ai entendu une conversation qu'elle avait avec d'autres collègues de travail. Je n'ai pas bien compris ce qu'elle disait, mais j'ai juste entendu "c'est dur, mais j'attends de voir".

J'ai pris les informations après. Un des tests de sang disait qu'elle était quasiment ménopausée. Le spermogramme de son mari, d'après leurs interprétations dit qu'il n'a pas du tout de spermatozoïdes. Ils ne sont pas encore allés voir les médecins, mais quand j'ai entendu "ménopausée" et pas de spermatozoïdes, ça m'a coupé le souffle. Une sorte de vieille angoisse, que je connais est ressortie!

 

Pourtant, quand je la vois, ma collègue arrive à rigoler et à danser, à se lever et à venir au travail tous les jours.

Elle est forte. Beaucoup plus forte que moi. Je n'ose même pas m'imaginer sa douleur, son inquiétude et son angoisse.

Sur le chemin du retour, je me suis dit que je n'avais pas le droit de me plaindre. C'est une longue attente, 2 ans et 3 mois maintenant, avec une fausse couche au milieu, après ma 2e IAC. Mais moi, je n'ai pas le droit de me plaindre. Je peux serrer les dents, remplir ma vie de choses et activités, poursuivre le projet d'adoption et mes tentatives de PMA.

Je comprends mieux maintenant pourquoi mon médecin avait l'air aussi calme quand il m'a dit : "tant que vous avez le matériel génétique, il ne faut pas s'inquiéter!"

 

Demain je vais lui parler, lui dire que je comprends bien ce qu'elle traverse : cette incertitude, cette attente interminable et le poids sur le coeur, comme si on nous faisait porter 2 tonnes de béton.

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de lettreamafille
  • : Un journal pour mon enfant
  • Contact

Recherche

Liens